Quand l’Etat divise par deux ou trois

Afin d’obliger les pays du Maghreb à reconnaître leurs ressortissants interdits de séjour en France, le gouvernement français annonce réduire de moitié de nombre de visas et pénalise ainsi les familles et les étudiants.

Cette semaine, le gouvernement français a décidé de réduire de 50% le nombre de visas délivrés pour l’Algérie, et le Maroc et de 30% pour la Tunisie. Il s’agit d’une mesure de rétorsion en raison du manque de coopération de ces pays au sujet de leurs ressortissants soumis à une obligation de quitter le territoire français. Cette décision drastique se veut une réponse aux pays qui refuseraient de permettre le retour d’immigrés refoulés du territoire français. Elle aura un impact sur les familles déjà éloignées par la pandémie, et sur les étudiants, qui étaient 90000 en 2019.

Quand il parle de diviser par deux les visas, sur quelle base se repose le gouvernement ? En effet, pour l’Algérie en 2019, pour 500000 demandes de visas déposées, 274000 ont été accordées, ce qui correspond déjà à 54,8% de demandes acceptées. Depuis le début de l’année 2021, le nombre de demandes a considérablement baissé avec 11800 demandes de visas déposées et 8700 accordées entre janvier et juillet. En demandant « aux services du Quai d’Orsay de délivrer pour les six prochains mois 31500 visas maximum », le gouvernement se réfère à l’année 2020, en pleine pandémie, où par définition il y a eu très peu de demandes et seulement 63000 visas accordés. Si l’on compare à l’année 2019 et non pas avec l’année exceptionnelle 2020, il s’agit d’une baisse de 77% de visas accordés.

Camille Couture